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Canel

10 avril 2024

~ Les Droits des Animaux en questions, Dominic Hofbauer & Rosa B.

La Plage, 9 février 2022, 96 p.
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♥♥♥♥ / 5
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• Le respect des animaux est-il une préoccupation récente ?
-> non : bien avant la théorie de l'évolution de Darwin, dès l'antiquité, le philosophe Théophraste estime que les animaux méritent notre considération, car "les principes de leurs corps sont par nature les mêmes" que les nôtres.
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• Pourquoi les animaux auraient-ils des droits, puisqu'il n'ont pas de devoirs ?
-> et les enfants !?
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• Doit-on respecter les animaux d'élevage pour tenir compte de leur bien-être... mais pour qu'ils finissent malgré tout dans notre assiette ? on aura ainsi la conscience plus tranquille, et de la viande de meilleure qualité
-> à chacun de voir...
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• Si on adopte le véganisme, risque-t-on des carences alimentaires ?
-> oui, en vitamine B12, mais de toute façon, les animaux des élevages intensifs (donc la viande que nous consommons) sont également carencés et leur ration alimentaire est enrichie en B12 de culture !
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Toutes ces questions, et beaucoup d'autres, sont posées intelligemment dans ce court recueil. Les réponses sont brèves (moins de 2 pages), simples, claires et documentées, sans partisanisme outrancier, avec de nombreux exemples à l'appui.
Les dessins de Rosa B. (autre pseudo : Insolente Veggie) mettent certains propos en évidence avec humour.
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Si on a du mal à transposer la souffrance des animaux d'élevage (notamment les porcs) sur celle des humains, on peut lire l'excellent Cadavre exquis d'Agustina Bazterrica. J'ai testé, c'est très efficace.
On peut aussi écouter soigneusement les paroles de La corrida ♪♫ de Cabrel
  ► avec ce somptueux live  (clic sur le lien)
  ► ou le clip tout nouveau, sorti pour les 30 ans de l'album  (clic sur le lien)
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.agenda2  28 mars > 1er avril - emprunt mdtk

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1 avril 2024

~ Le bonheur l'emportera, Amélie Antoine

Editions XO, 2021
Pocket,
13 octobre 2022, 416 p.
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♥♥♥
/ 5
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Un enfant, un papa, une maman. C'est ça le bonheur ? ♪♫ Pas sûr.
A onze ans et demi, alors qu'il s'apprête à entrer au collège, Maël se sent mal.
Joachim, le papa, est doux et attentif et se démène pour trouver l'origine du mal-être de son fils et l'aider à surmonter ses difficultés.
Focalisée sur sa carrière, la mère est en revanche "rigide et intransigeante, parce qu'elle ne supporte pas d'avoir l'impression de perdre le contrôle d'une situation", au travail comme en famille. Voilà un trait de caractère difficilement compatible avec l'accompagnement d'un ado en souffrance...
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On alterne entre leurs trois points de vue. Pour ceux des parents, l'auteure utilise la troisième personne, tandis qu'elle donne la parole à Maël dans les chapitres qui lui sont consacrés, et le ton y est très juste : l'enfant décrit bien, avec des mots de son âge et une belle sensibilité, la tendresse & la complicité qui l'unissent à son père, et son éloignement croissant à l'égard de sa mère.
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Amélie Antoine (dont j'ai déjà lu quelques romans) a le don de rendre palpable la douleur de ses personnages, quitte peut-être à en caricaturer certains ? On est vite inquiet, malheureux pour ce pré-ado et son père, soumis aux certitudes & à l'inflexibilité de cette femme.
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Douloureux roman à suspense sur un sujet d'actualité dont il est important de parler, et heureusement, la littérature jeunesse/ado s'en empare depuis quelques années... *** J'ai pensé à un des patients de Sauveur dans la série de M-A Murail . ***
Le titre optimiste semble promettre 'le bonheur', mais quand ? et au prix de quelles épreuves ?

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.agenda2  30 mars > 1er avril

30 mars 2024

~ Leonard Cohen : Sur un fil - Philippe Girard

Casterman, 17 mars 2021, 120 p.
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♥ / 5
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Leonard Cohen ? bien sûr que je connais ! Allelujah ♪♫ dont j'ai lontemps attribué à tort la paternité à Jeff Buckley. Suzanne, The Partisan, Dance me to the end of love ♪♫ ...
Mais j'ai tendance à confondre certaines chansons de Cohen et des morceaux de sa bio avec celles de Cat Stevens et Eric Clapton. Ça a toujours été, ce n'est pour une fois pas un effet de l'âge.
Je visualise parfaitement ce grand (?) monsieur 'stylé', en costard, qui portait bien sa maturité élégante & sobre.
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Grâce à cet album, j'apprends que jeune, il faisait déjà vieux/coincé, qu'il a toujours été la proie d'idées noires étouffées à grand renfort d'alcool, de speed, d'antidépresseurs... Ça ne l'a pas empêchée de séduire de nombreuses femmes, parmi lesquelles des stars de l'époque - Marianne Ihlen, Suzanne Elrod, la photographe Dominique Issermann, l'actrice Rebecca de Mornay.
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Cette biographie s'est vite révélée ennuyeuse, d'autant plus que je n'ai éprouvé aucune sympathie pour cet artiste en la lisant. Ses états d'âme, sa consommation terrifiante d'alcool et d'autres psychotropes, ses conquêtes, les people qu'il a eu la "chance" de croiser, ses crises mystiques... tout cela m'a laissée de marbre, même si sa voix est envoûtante.
Cette biographie s'est vite révélée ennuyeuse, d'autant plus que je n'ai éprouvé aucune sympathie pour cet artiste en la lisant. Ses états d'âme, sa consommation terrifiante d'alcool et d'autres psychotropes, ses conquêtes, les people qu'il a eu la "chance" de côtoyer, ses fantaisies mystiques... tout cela m'a laissée de marbre, même si sa voix est envoûtante.
Malgré ses excès et son talent, le personnage décrit ici semble terne, il lui manque cette 'folie', cette fantaisie et ces couleurs du fantas(ti)que Bowie, par exemple.
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.agenda2  29 mars - emprunt mdtk

29 mars 2024

~ L'Homme au perroquet vert, Myriam Chirousse

Buchet Chastel, 7 mars 2024, 208 p.
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♥♥♥ / 5
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Nous sommes en 1920, dans les Alpes ou les Pyrénées, et la famille d'André est tellement pauvre que son unique paire de godillots est dépareillée. On a récupéré des chaussures de tailles différentes sur deux soldats morts.
Lorsque sa mère est emportée par une maladie, André se retrouve seul à dix-sept ans. Que faire ? Rester et travailler avec le charbonnier dans la forêt ? Qui peut avoir besoin de lui, ici ? Partir sur les routes et rejoindre le monde magique des forains, comme il en a vu dans son enfance ? Voire pousser jusqu'en Amazonie, où vivent des perroquets verts et d'autres oiseaux aussi fabuleux ?
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De Myriam Chirousse, j'ai lu et beaucoup aimé La Paupière du jour, dont j'ai tout oublié (même en relisant mon billet de 2013, rien ne me revient). L'atmosphère de Miel et vin m'avait paru très différente (idem, je relis mon billet d'alors), mais j'avais beaucoup appris sur les replis violents & sanglants en province qui ont suivi la révolution française.
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Cette fois, j'ai eu l'impression de relire pour la énième fois un conte triste que je connaissais déjà - via les 'romans du terroir' de mes parents que je lisais ado, ou plus récemment, avec la nouvelle vague de polars ruraux façon Franck Bouysse.
La plume est belle mais le rythme est lent et on voit tout venir... **  l'idylle, la grossesse, le cambriolage & son dérapage, la filiation pas si surprenante car les maîtres et/ou leurs fils usaient et abusaient à volonté des domestiques, à l'époque... **
En lisant ce roman, j'avais en tête le joli titre La Paupière du jour, de cette auteure. Est-ce pour cette raison que j'ai remarqué à quel point l'oeil était présent, ici ? Yeux, regards, pupilles, iris... sont évoqués à chaque page, ou presque.
Et la couleur verte, dans une moindre mesure, ainsi que le feu, la couleur rousse, flamboyante...
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Déception et ennui, alors que le roman est court (200 pages) et très aéré.
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.agenda2  27 > 29 mars • merci à Babelio et à Buchet Chastel

28 mars 2024

~ Si j'étais toi, Amber Garza

When I Was You, 2020
traduit
de l'anglais (USA) par Carole Delporte
JC Lattès, 2021

Le Livre de Poche, 18 octobre 2023, 384 p.

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♥♥♥♥ / 5

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Depuis le départ de son fils pour une fac éloignée du domicile parental, Kelly Medina semble souffrir du syndrome du nid vide. Femme au foyer, souvent seule même le week-end car son mari a un boulot très prenant, elle s'étiole, malgré sa bonne copine Christine qui lui propose des sorties et semble la surveiller comme le lait sur le feu. Kelly est particulièrement fragile depuis six mois, ce qui explique sans doute cela... Lorsqu'elle découvre qu'une jeune maman s'est installée dans son quartier, portant son nom et son prénom, des perspectives s'ouvrent...
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Alors les homonymes, ça existe, et pas seulement pour les Michel MARTIN. Attention, statistiques !
Mon prénom a été attribué à 3 473 petites filles l'année de ma naissance (très loin derrière Nathalie (28 584), Valérie, Isabelle, Sylvie, Sandrine, Catherine (12 208), et tant d'autres).
Et seulement 70 personnes nées en France entre 1966 et 1990 portent mon nom (source : https://www.filae.com/nom-de-famille).
Malgré cela, j'ai récemment découvert qu'une homonyme résidait à 10 kms de chez moi - merci les cartes de fidélité et G**gle...
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Fin de la parenthèse stats-proba-socio, pour en revenir au livre.
Lorsqu'on lit beaucoup de polars familiaux, on a appris à envisager toutes les possibilités et à se méfier de tout le monde : qui est sincère, qui ment, qui manipule, qui a reçu un "pet au casque" suffisamment traumatisant pour altérer son bon sens, etc. Lequel, dans le couple, est un parfait connard (féminin possible) ? aucun ? les deux ? et les amis, autour, à quoi ils jouent ?
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Le suspense est longtemps maintenu, ici, j'avais seulement deviné ** la mort d'Aaron ** , et certains retournements surprennent, comme il se doit. Une scène un peu avant la fin est trop longue (en vue d'une adaptation en film ?). Mais j'ai aimé les dernières lignes, claires et nettes.
J'ai apprécié également le regard porté sur la maternité et le temps qui passe - trop vite, mais on n'en est conscient qu'après...
"J'observais le visage de mon fils, anguleux et viril ; toute trace d'innocence avait disparu. Certains jours, il me paraissait inimaginable de ne plus jamais entendre sa petite voix ni son rire d'enfant. Il y avait des milliers de livres sur la maternité, pourtant aucun ne m'avait préparée à ces pertes-là."
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.agenda2 25 > 27 mars

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27 mars 2024

~ Les doigts coupés, Hannelore Cayre

Métailié Noir, 8 mars 2024, 192 p.
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♥♥♥ / 5

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A partir de son expérience d'avocate pénaliste, Hannelore Cayre a écrit un roman brillant & réjouissant : La Daronne, qui met en scène trois femmes et leurs liens avec le marché de la drogue. Son roman Commis d'office m'avait en revanche déçue.
Changement de cap, ici : voyage dans le temps, 35 000 ans en arrière, chez des homo sapiens chasseurs-collecteurs, donc encore nomades puisqu'ils ne pratiquaient pas l'agriculture. le personnage principal est une jeune femme, Oli, qui refuse de se soumettre au joug masculin.
Pour ne pas trouver l'histoire trop invraisemblable, on peut se dire qu'elle & ses idées/créations représentent un accéléré de plusieurs générations de femmes rebelles et indépendantes.
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Comme dans les romans de Bernard Werber dont je me régalais dans les 90's et au début des années 2000 (cf. 'Le père de nos pères'), Cayre alterne entre fiction et exposés documentaires, s'appuyant sur des thèses de paléontologues, archéologues, historiens, etc.
On apprend des choses, certes, mais sur la préhistoire, je préfère lire des ouvrages moins dilués par des élucubrations, comme la série Sapiens, La naissance de l'humanité de Yuval Noah Harari (la version simplifiée en BD me convient parfaitement). Je guette aussi les évolutions scientifiques sur le sujet (merci aux scientifiques qui travaillent sur l'ADN 😉) dans des petits articles accessible tels que ceux de 'Science & Vie'.
Le centre de la Préhistoire à St-Hilaire-la-Forêt (Vendée) est également très didactique, animé par des professionnels passionnés, qui déconstruisent de nombreux clichés - contrairement au parc d'attraction du Puy du Fou où l'histoire est réécrite autour de mythes improbables (cf. ouvrage collectif Le Puy du faux). Mais c'est un autre sujet.
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De cet ouvrage décevant, je retiens quand même cette phrase : "Il n'y a que les pierres et les histoires pour traverser le temps."
Oui, et les histoires racontées sur la pierre, l'os, le bois peints/façonnés, etc.
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.agenda2  23 > 25 mars

26 mars 2024

~ Patrick Dewaere : À part ça la vie est belle - Laurent-Frédéric Bollée & Maran Hrachyan

Glénat, 9 1/2, 6 janvier 2021, 136 p.
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♥♥♥♥♥
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Lorsque j'ai commencé à regarder en famille à la TV les films avec Patrick Dewaere (encore vivant), j'étais pré-adolescente, et lui adulte. Je le percevais donc comme un homme (mi-rigolard, mi-effrayant), à peine plus jeune que mes parents. Ma vision est différente aujourd'hui : c'est celle d'une mère qui perçoit sa sensibilité à fleur de peau et donc la douleur derrière ses rôles, où il incarne des écorchés vifs, ce qu'il était en réalité.
Il faut dire que j'ai découvert en 2017 une biographie, Un fauve de Enguerrand Guepy, et j'avais complété cette lecture par quelques recherches, car cet homme & sa vie me bouleversent.
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Cet album est très réussi, qui tourne autour des idées noires de l'acteur. Ambitieux, envieux, ultra-sensible et colérique, 
sortant vite les poings, il souffrait d'une mauvaise image de soi. Certains réalisateurs (Blier, Boisset) et partenaires de scène (Ventura) ont su lui imposer le respect, et il se 'disciplinait' alors, mais il était toujours entier dans ses rôles.
Ses relations avec Depardieu (qu'il appelait "le gros") sont également décrites - une amitié ambigüe car ils visaient les mêmes grands rôles dans le cinéma des 70's-80's. Gérard, son 'alter ego et son rival', peut-on lire dans Wiki. Même chose avec Coluche, son ami des débuts : prises de bec et empoignades, rivaux en amour jusqu'au bout de la courte vie de Dewaere.
J'ai aimé le voir heureux dans cette BD, avec des femmes, et les deux filles qu'il a eues avec Miou-Miou, puis Elsa. Ces parenthèses étaient hélas de courte durée car la vie de couple/famille et la déglingue (alcool, cocaïne, comportements auto-destructeurs...) font rarement bon ménage, même (surtout ?) en entraînant l'autre dans sa chute..
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Je garde un souvenir troublant de 'La meilleure façon de marcher' avec Patrick Bouchitey (Claude Miller, 1976), que je n'interprète pas tout à fait de la même façon à chaque fois que je le visionne. J'aime beaucoup 'Coup de tête' (JJ Annaud, 1979) où la désinvolture et les facéties de Dewaere alternent avec la douleur et la rage. Et le film qui me bouleverse le plus est 'Un Mauvais fils' (Sautet, 1980), parce que, comme précisé plus haut, je l'y vois comme un fils, et assister à ses dégringolades est un déchirement - a fortiori quand on connaît sa fin de vie, deux ans après la sortie de ce film (boudé par la presse suite à un énième débordement de violence).

 

Pour finir, cette phrase de son ami Folon qui me semble lui rendre un bel hommage : "Patrick, était une flamme. Une flamme vivante. Une flamme, c'est fragile : au moindre courant d'air, elle peut s'éteindre. Il y a eu un courant d'air, et Patrick s'est éteint." Oui, mais pour nous, la flamme brille toujours, et nous brûle parfois les yeux à en pleurer.
Folon, peintre-poète dont Dewaere disait : "Le connaître m'honorait et m'enrichissait. Et ces 'hommes volants', ça me donnait l'envie de m'envoler aussi, loin et pour toujours, si vous voyez ce que je veux dire..."  😥
Oui, on voit. RIP. ♥
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.agenda2  25 mars  •  image : Folon, pour Amnesty International, 1975

24 mars 2024

~ Au lit au Moyen Âge : Comment et avec qui - Chiara Frugoni

A Letto nel Medioevo, 2022
traduit de l'italien par Lucien d'Azay

Les belles Lettres, 12 janvier 2024, 155 p.
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♥♥♥♥ / 5
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Pourquoi ce choix lors d'une Masse Critique Babelio non fiction ?
Parce que j'aime les ouvrages de vulgarisation historique, non pas sur les "grands événements" ni sur les people d'antan, mais sur la vie au quotidien, comme Le Propre et le sale, L'hygiène du corps depuis le Moyen Âge de Vigarello. Ces ouvrages sont d'autant plus intéressants lorsqu'ils sont abondamment illustrés, comme ici - les oeuvres picturales choisies venant étayer le propos. Depuis une visite du château de Fougères (Bretagne) en CM2, la longue période du Moyen Age m'intéresse, et son iconographie me fascine (perspectives façon vision d'astigmate sans ses lunettes).
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Cet ouvrage accessible a répondu à mes attentes. On y apprend notamment que la chambre était, chez les plus aisés, une pièce "à vivre", destinée à recevoir, notamment pour son confort & sa chaleur (cheminée), dans ces vastes châteaux lugubres et sombres où il semblait faire froid en toute saison. Mais cela, on le sait lorsqu'on aime les visites guidées de châteaux forts, par exemple (= un autre de mes péchés mignons - cf. Murol, le génial 'faux' Guédelon, etc.).
Chiara Frugoni nourrit également son propos de textes de l'époque.
Mais ce sont de loin les illustrations qui m'ont le plus séduite dans cet ouvrage. Chacune mérite d'être regardée à la loupe pour en débusquer les détails.
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Merci à Babelio et aux Belles Lettres.

23 mars 2024

~ Le ciel ouvert, Nicolas Mathieu (illustrations d'Aline Zalko)

Actes Sud, 7 février 2024, 128 p.
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♥♥ / 5
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• Ton cul sur la commode.
• Le vent dans tes cheveux défaits.
• Nos lits improvisés sur un morceau de moquette.
• Fumer beaucoup trop / Prendre le métro / Et te prendre en photo / T'aimer de tout mon être.
• Je t'ai rêvée si fort que les draps s'en souviennent.
• J'te vois toute nue sur du satin / Et j'en dors plus, viens m'voir demain.

1 : expression
2, 3, 4, 5 et 6 : extraits de chansons 'romantiques'...
Ces phrases pourraient parfaitement être insérées dans ce dernier Nicolas Mathieu.
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De cet auteur, j'ai lu deux nouvelles (Rose royal) et un roman (Leurs enfants après eux), que j'ai aimés. Sur lui, je connais aussi les dithyrambes d'une copine ! 😉😘 Evidemment, une couv' récente de presse people avec photos consenties (voire vendues très cher) ne nous a pas échappé ; de mauvais esprits pourraient se demander ce que font une princesse et un... un quoi, au fait ? Un auteur qui écrit des textes 'de gauche' ? Terrain glissant...
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J'ai trouvé cet ouvrage en bout de gondole à la médiathèque, et l'ai emprunté parce que le roman 'Connemara' m'attire depuis sa sortie, mais sa taille m'effraie, et peut-être aussi parce que ce 'Ciel ouvert' figure dans les 5 pépites de la rentrée littéraire hiver 2024 de France Info. Les 128 pages illustrées m'ont mise en confiance.
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Déconvenue rapide : il s'agit d'un recueil de posts Instagram, et à l'instar d'Emmanuel Carrère dans 'D'autres vies que la mienne', l'auteur joue à exciter sa partenaire d'alors en lui écrivant ainsi publiquement (parlant de son cul, sa nuque, son chignon, et son cul, essentiellement...) devant nos yeux extérieurs gênés ou gourmands/envieux - pour ma part assez furax de faire partie d'un scénario exhibitionniste donc pervers.
Bref, j'ai failli abandonner assez vite, mais ma copine m'a dit que Mathieu avait écrit des textes forts sur la réforme des retraites, alors j'ai persévéré.
Ouf, j'ai réussi à saisir la balle au bond, car l'allusion est très discrète, beaucoup moins appuyée que les références au cul de la femme aimée (celle qui lui manque tant parce qu'elle est 'à un autre', mais c'est p'têt pas plus mal, ils ne subiront jamais l'usure du quotidien, etc.) :
« Je suis de la race des mécontents, de ceux qui tiennent parce que pas le choix et rêvent que leurs mômes feront mieux, seront plus heureux, moins soumis et moins las. Je suis du vaste peuple de mon père, et j'abomine ce vol de deux années qui pourtant ne me concerne pas. » (p. 112)
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Entre ces textes brefs : des dessins aux jolies couleurs (feu de la passion, bleus de nuit), comme sur la couv', pour que le lecteur se sente un peu moins blousé ?
Et puis des références à Perec, Duras, Bukowski.
L'auteur prend la pose, attention. Quand on est transfuge de classe, le vernis culturel doit étinceler.
Alors qu'à cette lecture, j'avais plutôt en tête des chansonnettes de Cabrel, Calogero, Rose, Richard Cocciante, Jackie Quartz (so 80's)...
Il y a des passages émouvants (et trop rares) sur le vieillissement de nos parents. Les considérations sur les enfants sont mignonnes mais convenues, et trop systématiquement associées à la bonne humeur, au plaisir du temps partagé avec ces petits êtres magiques, à l'insouciance et au jeu, comme dans une pub Ricoré.
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.agenda2  22 & 23 mars

 

22 mars 2024

~ De nulle part, Claire Favan

Harper Collins, 2022
Harper Collins Poche, 6 mars 2024, 336 p.

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♥♥♥♥♥

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De nulle part, certes... mais vers où ?
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Les histoires de jumeaux me fascinent, et c'est sans doute ce qui m'a attirée sur la 4e de couv', dont je n'ai lu que les premières lignes - heureusement, car elle spoile. Je garde des souvenirs intenses des Météores de Michel Tournier et du roman Twins (Bari Wood & Jack Geasland, 1977), adapté par David Cronenberg en 1988 sous le titre Faux-Semblants, pour la VF (double interprétation magistrale de Jeremy Irons ♥).
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Cette intrigue de Claire Favan est tellement bien construite et riche en surprises qu'il serait dommage d'en dévoiler des événements qui n'interviennent qu'après 80 pages, même si on a pu émettre certaines hypothèses à la lecture.
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Il est question de l'ASE (Aide Sociale à l'Enfance), et du sort désastreux des orphelins et des enfants retirés à la garde de leurs parents, qu'ils atterrissent en foyer ou en famille d'accueil. On y voit deux garçons "amis pour la vie" qui semblent assez rapidement prendre des chemins différents - l'un d'eux a-t-il encore comme moteur l'amour parental dont il a bénéficié jusqu'à ses cinq ans ?
On aimerait que la niaque suffise pour que les statistiques s'améliorent :
"Seul 1/3 d'entre eux peuvent bénéficier d'un contrat jeune majeur [à 18 ans], censé assurer la transition entre la majorité et l'autonomie. (...) Selon les chiffres de l'avant Covid, 25% des sans-abri sont d'anciens pensionnaires de l'ASE. Chiffre qui passe à 40% pour les SDF de moins de 25 ans." (p. 45)
"70% des enfants de l'ASE sortent du système sans qualification, les conséquences immédiates sont faciles à deviner." (p. 57)
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** SPOIL ** Hélas, le déterminisme est à l'oeuvre, malgré des périodes d'espoir et même de rémission, tellement fragiles que le jeune homme est constamment sur le fil et lutte pour sa survie comme une proie au dernier niveau de la chaîne alimentaire... L'engrenage du trafic de drogue est écoeurant, mais je n'ai hélas rien appris ; j'ai pensé en revanche aux récentes & pathétiques gesticulations gouvernementales pour mimer une lutte contre un 'fléau pour les jeunes' - lequel répond à une mécanique parfaitement huilée à haut niveau, comme le montre notamment Hannelore Cayre dans 'La Daronne'. ** FIN DU SPOIL **
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Ce roman captivant et édifiant ne laisse pas le lecteur souffler, car certains semblent pris dans un labyrinthe - sans issue ?
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.agenda2  19 > 22 mars
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